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Mot-clé - Rôle des banques centrales

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jeudi, 17 juin 2010

Comment éviter une nouvelle Grande Dépression



par Nouriel Roubini - Le Cercle Les Echos- publié le 16/06/2010

Les hommes politiques du monde ne cessent de débattre pour savoir quand et comment sortir des importants plans de relance monétaire et budgétaire qui ont permis d’éviter que la Grande Récession de 2008-2009 ne devienne une nouvelle Grande Dépression. L’Allemagne et la Banque Centrale Européenne voudraient instaurer rapidement l’austérité budgétaire ; les Etats-Unis s’inquiètent des risques qu’entrainerait une consolidation budgétaire opérée beaucoup trop rapidement.

Ne pas mettre en place de telles mesures coordonnées pourrait entrainer un rebond très dangereux et dommageable de la récession dans les économies avancées.

mon commentaire :

De deux choses l'une, ou notre très honorable Professeur et auteur se trompe lourdement ou ce sont les gouvernements sous la pression très forte des marchés. Pratiquement aucune des préconisations qu'il émet pour les sept cas qu'il a répertorié ne peut être mise en force dans le contexte existant et les politiques engagées. A moins que ce ne soit qu'une liste de voeux pieux.

Reprenons de façon très rapide et un peu schématique les 7 cas présentés par le Professeur Roubini :

1er cas : faciliter la politique monétaire : comment pourrait-elle l'être avec des taux de refinancement de banques centrale proches de zéro et les vannes grandes ouvertes pour des refinancements qui auraient fait hurler il y a encore 3 ans; et ce avec des marchés qui y ajoutent des spreads parfois très élevés qui ne peuvent être maitrisés;

2ème cas:   relance et consolidation budgétaires sont incompatibles avec  les niveaux d'endettement public Japonais et US, avec une épargne nationale déjà mobilisée au maximum pour le premier (95 %) et une épargne nationale faible pour le second, avec de surcroît une dette privée très élevée comme au Royaume-Uni dont la dette publique très faible à presque doublé en 2 ans;

3ème cas:  l'Allemagne et quelques autres pays avoisinant ne veulent pas relancer et même freinent et la Chine peut vouloir réduire l'épargne de précaution, il lui faudra des années pour que cela se traduise de façon significative par plus de consommation intérieure; quant à dans une réévaluation de la monnaie chinoise ...

4ème cas: pour la réévaluation des monnaies il n' y a pas de candidat et la BCE ne peut pas faire plus pour laisser filer l'euro : ses rachats directs de dettes publiques sont le point ultime de ce qu'elle peut faire. Et à la moindre remontée des prix (via les matières premières elle pourrait remonter (faiblement sans doute) ses taux ;

5ème cas: Je ne connais pas de pays dont la dette privée baisse très fortement - mais je manque sans doute de sources d'informations- . Des grands pays il n'y a qu'aux USA où il y a une baisse infinitésimale et toute relance budgétaire réveillerait "les vigiles des marchés obligataires encore assoupis" pour reprendre la belle formule de M. Roubini.

6ème cas :ce point peut effectivement être actionné mais retarder ou échelonner les exigences de fonds propres, de ratio de levier ou de liquidité n'empêchera pas le monde financier (acteurs, observateurs, investisseurs) d'anticiper la baisse des rendements futurs qui en découleront et la prudence dans la distribution du crédit restera de mise;

7ème et dernier cas: La restructuration de dettes à la manière des pays en développement, tels qu'opérés avec l'intervention du FMI ne peut pas être joué sans risque dans la zone euro , comme dans l'ensemble de l'Union Européenne d'ailleurs.  La  crédibilité de la zone euro serait assurément touchée car la "périphérie " s'étend toujours un peu plus à des pays nouveaux de la zone ou de l'Union; la prime de risque augmenterait notablement et appliquée sur la partie à renouveller dans les 3 à 4 ans de dettes publiques et privées serait d'un coût considérable tant financièrement (elle pourrait toucher en moyenne une dette représentant 80 à 100 % du PIB vu le niveau de dettes globales voisines ou supérieures à 200 % du PIB.) que psychologiquement sur les anticipations des acteurs.

Quant au FMI, à l'Union Européenne leur soutien est tout sauf généreux ; à preuve les taux faits à la Grèce avec de surcroît la fixation d'un échéancier très difficile à respecter... échéancier que d'ailleurs toute l'Europe se donne à elle-même pour revenir dans les limites des 3% - alors que ces 3% n'avaient aucunement intégré la survenance d'une crise de l'ampleur de celle qui a commencé en août 2007 et qui continue.

M. Roubini a pourtant complètement raison de demander des politiques coordonnées pour éviter "un rebond de la récession" , mais c'est l'exact contrepied de tout ce qui se fait.

Il faudrait donc partir de ces données - on ne voit pas les Etats faire volte-face dans les mois qui viennent - et trouver d'autres bases de consolidation de l'activité économique.

C'est un thème majeur qui ne peut être abordé là. Enonçons seulement deux points.

1- Déclarer pendant qu'il en est encore temps qu'il n'y aura pas de remontée significative des taux pendant 18 mois, 2 ans ( la chance actuelle dans notre surendettement est que les intérêts payés restent supportables et que toute remontée serait dramatique sur ce point et par le fait qu'elle générait également des moins-values sur toutes les obligations qui sont supérieures à une fois et demie le PIB mondial !) .

2-  Ceci n'est possible que si les banques centrales prennent le taureau par les cornes pour casser tout  emballements de prix sur matières premières, énergie et autres produits alimentaires par l'imposition de réserves obligatoires extrêmement élevées sur toute augmentation des positions spéculatives prises par les banques directement ou indirectement par le biais d’institutions financières, hedge funds ou autres fonds de gestion collective.

dimanche, 31 janvier 2010

Le FMI s'inquiète des risques de reconstitution de bulles financières spéculatives


les Echos du 21/01/2010


Il y a moins de 10 jours le FMI par la voix de son directeur Général, DSK, appelait les Etats à rapidement "élaborer une stratégie" pour sortir de la spirale de la dette, afin de "montrer aux marchés et détenteurs d'avoirs que les gouvernements ont conscience de l'importance du problème et de l'urgence de le régler".

Aujourd'hui il s'inquiète des risques de reconstitution de bulles financières spéculatives au point d'appeler à la mise en place de mesures temporaires de contrôle des capitaux en Asie. N'est-ce pas un peu schizophrène que de vouloir demander d'être vertueux auprès des marchés comme s'ils incarnaient la vérité vraie, qu'en dehors d'eux il n' a pas de salut, alors qu'au même moment lesdits marchés sont repartis dans des exubérances irrationnelles lui faisant dire presque un gros mot!!

C'est un vrai problème que se donner comme juges des acteurs aussi peu fiables ! Il est temps que les Autorités financières remettent les marchés à leur juste place et pas plus !

mardi, 19 janvier 2010

Une sortie de crise à risque pour les banques centrales

En réaction à l'article : "Une sortie de crise à risque pour les banques centrales "

 18/01/2010 - Les Echos

accès à l'article

Sommes-nous condamnés à de nouveaux chocs sur l'énergie, les matières premières, certaines devises (avec le carry trade)... cassant bientôt des économies toujours en crise ?

Oui , si les banques centrales ne changent pas leur politique. Pourtant, sans toucher aux taux, tout en maintenant une grande aisance de refinancement, que n’agissent-elles pas de façon ciblée- presque chirurgicale- par une politique de réserves obligatoires non rémunérées et progressives assises sur l’augmentation des prises de risques sur actifs spéculatifs ?
Les réserves obligatoires sont un instrument de politique monétaire inventé par les banques centrales il y a plus de quarante ans. Pourquoi ne pas l'utiliser de façon pro-active ? D'ailleurs, de façon certes limitée la Chine le fait pour peser sur l'offre de crédit de ses banques.

Suite à la cinquantaine de réactions publiées portant pour l'essentiel sur la conjoncture, j'ai formulé le commentaire suivant le 25  janvier :


Tous ces propos et débats sur la conjoncture, le capital versus l'emploi sont intéressants mais répondent-ils à la question qui se pose vraiment aux banques centrales ?
Elle est pourtant clairement posée par l'auteur de l'article "la sortie du dispositif de crise ((par les banques centrales)est périlleuse, elle peut ébranler les marchés et casser la reprise économique, si l'on agit trop tôt, trop vite. A l'inverse, en tardant, des bulles financières et pressions inflationnistes vont émerger".
J'ai essayé d'y répondre en proposant l'institution de réserves obligatoires progressives et non rémunérées ciblées sur les actifs spéculatifs dans la ligne de "Revoir le rôle des Banques centrales " de D.Plihon et M.Castel dans le N° 94 -juin 2009- de la Revue d'Economie Financière.
Quelles sont vos analyses, vos propositions ? Les enjeux méritent qu'on y réfléchisse tous.

mercredi, 25 novembre 2009

DSK relativise l'importance du « too big to fail »

En réaction à  l'article : DSK relativise l'importance du « too big to fail »

 [ 25/11/2009 0 ] -  Les Echos


Au-delà de ces propos il serait bon que le FMI s'inquiète de la façon dont les banques centrales vont éponger les liquidités colossales mises sur le marché depuis 2 ans sans nuire à la distribution du crédit.

Il pourrait leur rappeler l'existence d'un outil créé par elles il y a plus de 40 ans -les réserves obligatoires non rémunérées-et qu'elles n'utilisent pas actuellement. Elles servent à compléter l'usage des taux d'intérêt pour mieux maitriser le refinancement des banques. Leur emploi permettrait de maintenir des taux bas indispensables à l'économie réelle tout en frappant les opérations spéculatives sur devises, matières premières, énergie et ce d'autant plus fortement que les banques y sacrifient.

Pour l'U.E ce sont 40 groupes bancaires dont il faudrait que la BCE (et le SEBC) suive l'évolution des activités de carry trade, de prêts aux hedge funds, les appels de marge... pour asseoir ces réserves qui seraient progressives. C'est mieux que la taxe Tobin; et elle existe déjà !


lundi, 24 août 2009

"l'épargne collective va être garantie par la puissance publique"

Michel Aglietta : "l'épargne collective va être garantie par la puissance publique

 La Tribune.fr - 24/08/2009 |

Chaque jour, cet été, nous interrogeons un grand témoin de l'actualité sur sa vision de l'après-crise.
Propos recueillis par Éric Benhamou

Dernier livre paru : "Crise et rénovation de la finance" (Odile Jacob). Propos recueillis par Éric Benhamou



• Mon commentaire :

 1- " Il faudrait pour le moins exiger des banques beaucoup plus de fonds propres et revenir sur certains principes prudentiels de Bâle 2..." il faudrait au moins doubler le niveau de capital actuellement requis par les règles de Bâle 2 " dites-vous encore.
Oui à la proposition sur Bâle 2 mais pour la première qui apporterait ces fonds propres ? Les actionnaires privés dont certains ont beaucoup perdus -y compris les fonds souverains- ou qui demandent 15 % et plus de rendement quand ces dernières années ils ont apporté des capitaux ? Les Etats ?? Ils sont quasiment tous surendettés ... et ces apports avec sous sans droit de vote ? car personne ou presque n'ose plus parler de nationalisations durables alors qu'ils pourraient se retrouver majoritaires ? Pourquoi ne pas plutôt proposer de renforcer les exigences de fonds propres des seules opérations de marché pour compte propre ? Source de risques micro et macro-économiques non nécessaires au bon financement de l'économie réelle ces opérations amplifient considérablement la vulnérabilité de tel ou tel acteur financier majeur- tel AIG- voire de tout le système financier ? Cela calmerait les envies de prendre des positions pour améliorer le rendement global des fonds propres des intervenants.

 2-  " L'épargne collective relève également du lien social et elle doit être garantie par la puissance publique, même lorsqu'elle reste gérée de façon privée". Ce serait une révolution par rapport aux tendances lourdes engagées tant dans le privé que dans le secteur public depuis plus d'une décennie. N'a t- on pas vu les contrats d'épargne d'entreprise du monde anglo-saxon qui étaient antérieurement à prestations définies progressivement remplacés par des contrats à cotisations définies, renvoyant le risque des employeurs vers les salariés ? Ne voit-on pas les états ou les systèmes sociaux de retraite par répartition faire progressivement la place à la capitalisation; capitalisation qui à ma connaissance n'est jamais garantie. Mais à supposer qu'elle le soit, le risque reviendrait un jour aux états. Or les états des pays développés dépendent tous à plus de 80 % des marchés pour se refinancer. Encore dans la capacité d'être garants en dernier ressort ces derniers mois, leurs marges de manoeuvre ont considérablement diminué. Dans quelques années, avec en sus le risque de la mise en jeu de cette garantie de l'épargne collective, ils ne pourraient plus jouer ce rôle car à leur tour ils seraient dans l'incapacité de se financer sur les marchés... sauf à des taux exorbitants. Cela a d'ailleurs failli être le cas au début de 2009 pour trois ou quatre pays européens (dont certains sont dans la zone euro). La boucle serait bouclée et la crise systémique sans doute retardée par ce dispositif finirait par éclater.

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